Jean Moulonguet (dit Fanfan) & Marie

                                                                            Jean dit Fanfan (1820-1891)

                                                                            Marie Depierris Lacaze (1828-1853)

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                                            I                                                                                                         I

                                 Georges (1851- 1933)                                                                 Jean dit Omer (1849-1931)

                           Elisabeth Moulonguet (1861-1936)                                             Valentine Daudirac (1853-1936) 

                                            I                                                                                                         I

                             * Henri (1886-1966)                                                                         * Jean (1879-1962)

                                & Marie-Louise Martin (1896-1976)                                               & Henriette Grimal (1884-1976)

                             * Jeanne (1883-1984)                                                                      * Louise (1877-1954)

                                & Camille Dussaud (1870-1937)                                                     & René Ancely (1876-1966)

                             * Marguerite (1879-1970)

                                & Louis Lemée (1865-1920)

 

Jean dit Fanfan 1820 - 1891 epouse marie Depierris Lacaze - Pere de Jean dit Georges et Jean dit  Omer
Jean dit Fanfan 1820 - 1891 epouse marie Depierris Lacaze - Pere de Jean dit Georges et Jean dit Omer

René Ancely écrit :

                  Il n’est pas possible de rechercher les origines de la famille Moulonguet au-delà de l’année 1654. Les documents d’état civil (registres paroissiaux) ne remontent, pour la commune de Vidouze, qu’à 1672. Quant aux minutes notariales, celles qui sont antérieures à cette date sont excessivement rares et parfois illisibles. Il faut donc limiter les recherches à la période des XVIIe et XVIIIe siècles, d’autant plus que le nom de Moulonguet étant très répandu dans la région, on risquerait d’opérer des confusions sur la branche que nous représentons.

                  Ce qui est certain, c’est que cette famille est originaire de Vidouze. C’est dans cette commune que nous trouvons le plus ancien représentant ; ce n’est qu’en 1810 qu’un cadet se mariera à Moncaup et y passera sa vie. L’aîné reste à Vidouze. Mais comme il y meurt sans postérité, ce sera la branche cadette, devenue béarnaise, représentée par Paul, qui passera branche aînée. Elle essaimera et enverra, à son tour, un cadet à Vidouze, Jean dit Fanfan, où il reprendra la place que les ancêtres occupaient depuis deux siècles, tandis que Paul restait à Moncaup. Les deux frères procréeront, par leurs mariages, de nombreux enfants qui formeront cette magnifique famille si estimée dans tous le pays et dont tous les membres sont si unis entre eux.

                  Les origines sont modestes. Les Moulonguet constituent une famille agricole. Ils s’intitulent dans tous leurs actes : « cultivateurs, travaillant en leur bien », selon la formule consacrée. Par leur travail acharné, par leur esprit d’économie, ils amasseront une petite fortune, acquise dans des conditions absolument normales et régulières. À partir du XIXe siècle, ils commenceront à s’intituler agriculteurs, et plus tard, propriétaires et notables du pays.

              ... Il est vraisemblable que seuls, l’ardeur au travail, la ténacité du caractère et l’esprit d’économie qui se traduisent à chaque instant dans leurs tractations privées, les ont amenés à cette large aisance qui leur a donné, dans toute la région, un prestige et une renommée indiscutable et les ont amenés à exercer de père en fils, pendant de nombreuses années, les charges municipales de leur commune.

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       Du mariage de Pierre André avec Marie Duffau vont naître quatre enfants qui sont dans l’ordre chronologique :

                                   - Jeanne Sabine, née le 26 décembre 1811

                                   - Jean dit Paul, né le 10 janvier 1814

                                   - Pierre Georges, né le 23 avril 1816

                                   - Jean dit Fanfan, né le 10 décembre 1820. (tableau généalogique n° 7)

Pierre George, infirme, bossu, décèdera célibataire, donc sans postérité. Les trois autres enfants vont constituer désormais la sixième génération de la famille en ligne directe, et leur vie fera l’objet du § suivant. Pierre André Moulonguet et sa femme sont décédés à Moncaup, le premier à la date du 26 mai 1857, la seconde le 7 juin 1863.

 

                  A partir de cette génération, un changement important va se produire dans la famille. La branche aînée qui avait vécu à Vidouze depuis le XVIIe siècle, disparaît par suite du décès de Jean Moulonguet n° 5 sans postérité. Son frère, Pierre André, transporte le nom et la race à Moncaup. Parmi ses descendants, Jean dit Paul restera dans cette commune et y perpétuera la branche aînée de la famille. Jean, dit Fanfan, revient se fixer à Vidouze et y créera à son tour la branche cadette. Ces deux branches resteront dans la suite étroitement unies par des liens réciproques d’intimité et d’affection et constitueront, à la huitième génération, un ensemble encore vivant de dix descendants (Paul et André, Pierre, Jacques et Lili, Loulou et Jean, Marguerite, Jeanne et Henri) lesquels, à la suite de leurs mariages respectifs, peuvent s’enorgueillir de 25 enfants et de 46 petits-enfants. On peut certainement assimiler la famille Moulonguet à une véritable tribu, mieux même à l’antique « gens Romana », car elle en a toutes les qualités morales et les belles traditions. Elle s’est d’ailleurs heureusement complétée par les éléments étrangers qui y sont entrés par les mariages et qui, tout en apportant leurs propres vertus, ont été heureux de s’y amalgamer et de participer d’un même cœur à la vie si unie de cette famille. Pièces rapportées, a-t-on dit, mais aussi pièces fondues, sans toutefois rien abandonner de leur propre tempérament.

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Plus loin, René Ancely écrit encore :

 Nous arrivons maintenant au 3ème descendant de Pierre André : Jean dit Fanfan, né en 1820. Son frère, Paul, étant l’héritier de la maison du Bouscassé, Fanfan doit chercher sa voie en dehors de sa commune natale. Les circonstances le favorisent, et le 28 mai 1845, il épouse à Vidouze Marie Depierris Lacaze. Le mariage a deux conséquences heureuses : d’abord la branche cadette de la famille vient se réinstaller à Vidouze où la race s’était déjà perpétuée depuis deux siècles ; en outre, Jean Moulonguet n° 5, encore vivant et sans enfants, voit arriver avec faveur ce jeune neveu qui ramène ainsi une partie de la famille dans son lieu d’origine. Fanfan en profitera, grandement avantagé par son oncle dans son testament. Qu’était la famille Depierris à laquelle s’alliait le cadet de la famille ? Une famille de bons propriétaires qui, depuis l’année 1766, possédait un des domaines les plus importants de la commune de Vidouze. De l’union de Jean dit Fanfan et de Marie Depierris vont naître deux garçons ; l’aîné, Jean dit Omer le 8 septembre 1847 ; le cadet, Jean dit Georges le 2 mai 1849. Marie Depierris meurt jeune en 1853. Fanfan se remarie en 1861 avec Laure Bordères ; mais cette deuxième union ne produit aucune postérité. Cette seconde femme, souffrante pendant plusieurs années, toujours étendue sur une chaise longue, décéda à Vidouze le 10 novembre 1890.

Fanfan avait de gros intérêts à gérer. Propriétaire, avec ses enfants, du domaine de Lacaze par sa première femme, héritier général de son oncle Jean Moulonguet n° 5, il devait consacrer sa vie à l’administration de sa propriété ; il avait mis ses deux fils au collège de Tarbes. Après leurs mariages respectifs, le second, Georges, entre dans la magistrature ; l’aîné, Omer, resta avec son père sur le domaine de Vidouze. Georges s’était marié avec sa cousine germaine Elisabeth, de Moncaup ; Omer épousa Mademoiselle Daudirac, originaire de Bagnères de Bigorre, et dont le père fut toute sa vie médecin consultant aux eaux de Cauterets.

Fanfan régnait sur son domaine et dans sa famille avec une autorité incontestée. La propriété était travaillée par de nombreux domestiques. On pouvait voir tous les jours auprès de l’imposante table de marbre de la cuisine une dizaine de personnes : cocher, bouvier, muletier, ouvriers agricoles, cuisinières, femme de chambre et jardinier, sans compter le personnel d’occasion : femmes venant faire la lessive, et les inévitables Espagnols qui passaient la frontière tous les ans pour des travaux de terrassement ou de force, et qui se contentaient souvent d’une botte de paille pour la nuit et d’un menu frugal, économisant sou à sou leur maigre pécule pour le rapporter tous les ans de l’autre côté des Pyrénées.

A la table des maîtres, s’asseyait tous les jours, Mademoiselle Antoinette, qui faisait l’éducation des enfants d’Omer, et dont l’autorité sur eux était des plus absolues. Le dimanche, après la messe, Fanfan amenait à sa table quelques notables de la commune, le forgeron Courtiade, Pierre Péborde, frère de Mademoiselle Antoinette, avec sa longue barbe blanche qui faisait grande impression. Pour étonner ses interlocuteurs, il avait la manie, quoique d’instruction très élémentaire, d’employer certains mots ou expressions savantes qu’il déformait presque toujours d’ailleurs (race phénique pour féline).

Fanfan succéda à son oncle, presque dès la mort de ce dernier, à la mairie de Vidouze. Il restera premier magistrat municipal toute sa vie, et il traversera victorieusement les changements de régime ; le 27 juillet 1852, il est installé maire (avant le coup d’état). Il jure obéissance à la constitution et fidélité au Président. Le 24 février 1853, il est toujours en fonction et prête serment en faveur de l’Empereur. L’avènement de la 3ème République ne modifie en rien la composition de la municipalité. En 1874, Fanfan est réélu conseiller municipal et reste maire. Le 19 mars 1876, il est délégué comme maire et installe l’adjoint. Aux premières élections après la promulgation de la constitution de 1875, il est réélu conseiller municipal et maire le 8 octobre 1876. Enfin, et à un autre point de vue, il est nommé inspecteur des écoles primaires de Vidouze et Lahitte Toupière.

Ni lui, ni son oncle n’étaient cependant investis de la mairie au moment où éclata la révolution de 1848. C’est pendant le court interrègne que la municipalité de Vidouze décida la translation de l’église du quartier du cimetière à celui de la Hourcade. Cette opération donna lieu à de grosses difficultés parmi certains éléments de la population, spécialement les habitants du quartier de Portail d’Avant, qui ne voulaient pas être frustrés de leur église ; mais celle-ci était en ruines ; l’évêque en avait interdit l’usage, et le vœu de la majorité des habitants fut en faveur de la reconstruction sur son emplacement actuel. La famille Moulonguet avait grandement facilité cette translation, soit par des prêts d’argent à la commune, soit par l’échange de certains terrains qui avaient déjà permis de construire un presbytère à côté du lieu où fut rebâtie l’église.

Fanfan professait des idées libérales très modérées, et certainement plus rétrograde que celles de son frère de Moncaup ; plus heureux que ce dernier, il conserva les fonctions de maire et toute son autorité dans la commune jusqu’à son décès. Une lettre de lui, adressée au préfet le 12 mai 1856, tranche un petit point d’histoire au sujet de la répercussion de la révolution de 1789 dans la commune. Un habitant de Vidouze, connu par ses propos inconsidérés, avait prétendu que les propriétaires de la maison Moureu avaient, par leurs bâtisses, empiété sur le terrain communal, ce qui avait créé des incidents en 1793. Dans son rapport à la préfecture, Fanfan déclarait que, d’après la tradition, il y avait eu, en effet, une petite émeute devant la maison Moureu ; le peuple avait voulu renverser un mur qui était commencé, ce qui ne fut pas fait car l’empiètement était de peu d’importance.

Fanfan n’était pas joueur de whist comme son frère ; par contre il était de première force au jeu de quilles de neuf. Comment était aménagée la maison Lacaze pendant sa vie ? Elle était tout autre que maintenant. Le chemin qui part de la route nationale pour aboutir à la grille d’entrée du parc actuel, continuait tout droit et bordait le côté est de l’immeuble ; devant la maison se trouvait une cour enclose d’un mur ; devant le salon, il y avait un petit parterre entouré d’une grille. A l’intérieur et au rez-de-chaussée, le grand couloir n’allait pas jusqu’au fond de la maison ; à gauche de l’entrée se trouvait la cuisine ; à droite était la salle à manger (le billard actuel), puis le salon ; derrière le salon, il y avait la « chambre verte » avec une fenêtre sur la route. Tout le fond nord de l’immeuble, transformé aujourd’hui par la nouvelle cuisine, la lingerie et la salle à manger, était à usage de chai. Au premier étage, les trois chambres du midi existaient déjà. Sur l’escalier à mi-étage, une porte conduisait à des chambres de domestiques, lingerie et salle d’études. Comme au Bouscassé à Moncaup, le derrière de la maison (côté nord) était moins élevé que sa façade principale. Les travaux d’aménagement considérables qui ont complètement transformé cet immeuble en l’état où il se trouve aujourd’hui, ont été exécutés par le fils de Fanfan, Omer, peu après le décès de son père.