LOUISE M. ET RENE Ancely

Jean dit Omer (1849-1931)

Valentine Daudirac (1961-1936)

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          Louise (1877-1954)                           Jean (1879-1962)

          René Ancely (1876-1966)                henriette Grimal (?)

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Valentine (1902)       Georges (1907)              André (1920-1948)



André Moulonguet écrit (dans les années 68) :

Celle qui toute sa vie fut appelée Loulou, fille d’Omer et de Valentine Daudirac, naquit à Vidouze le 25 juin 1877 et elle a été une des femmes les plus remarquables de la famille tant par son intelligence, ses dons d’artiste, de musicienne et de chanteuse que par sa force physique, étant bâtie en athlète.

 

Ses études se bornèrent aux leçons données à la maison par Mlle Antoinette, la sœur de Pierre Péborde, et c’est surtout par la lecture qu’elle se forma et acquit une très grande culture. Faisant de fréquents séjours à Toulouse, elle apprit à jouer du piano et surtout à chanter et à acquérir une voix magnifique.

 

A 18 ans, c’était une grande fille de 1m70 fortement charpentée et pesant près de 80 kilos. Ce n’était pas de la graisse mais du muscle. Ses yeux pétillaient d’intelligence et son sourire avec ses belles dents était charmant. Grâce à son dynamisme et à son entrain elle ne pouvait nulle part passer inaperçue. C’est ainsi qu’elle enflamma le cœur d’un des hommes les plus riches de Toulouse, lors d’un de ses fréquents séjours chez son oncle Paul Privat. C’était un M. Labit, propriétaire d’un grand magasin de Toulouse, de 25 ans son aîné, petit et bedonnant mais très cultivé et ayant beaucoup voyagé. Elle se laissa tenter par lui, ses beaux cadeaux, et ils se fiancèrent. Nous-mêmes reçûmes une belle collection de timbres de M. Labit désireux de se concilier la famille. Quelques semaines après les fiançailles, nos parents nous racontèrent qu’il était mort d’une crise d’appendicectomie. En réalité, ce malheureux M. Labit était mort d’un coup de revolver tiré par sa maîtresse jalouse de ce mariage qui la ruinait… 

 

Ce fut en somme une chance pour Loulou qui, 5 ans plus tard, rencontra René Ancely. C’était un mariage beaucoup moins riche mais beaucoup plus assorti. René Ancely, né le 28 octobre 1876, n’avait donc que six mois de plus que Loulou, il était fils d’une famille de bijoutiers toulousains, il avait fait son droit et avait commencé une carrière de magistrat. René était assez grand, élégant, très bien physiquement, intelligent, compréhensif et bon, avec une belle voix de baryton et les duos qu’ils chantèrent ensemble jusqu’au jour de leurs noces d’or étaient toujours charmants. René Ancely fit une très belle carrière de magistrat qui se termina à Pau comme premier président de la cour d’appel, après avoir été longtemps avocat général à Paris. Par sa gentillesse et son affection il était complètement intégré dans la famille Moulonguet et c’est lui qui, ayant pris sa retraite à Pau, occupa ses loisirs à faire des recherches généalogiques sur les familles Moulonguet et de Claverie. Il fut de longues années président de la Société des Lettres, Sciences et Arts de Pau.

 

La seule ombre au tableau de ce ménage fut une crise de dépression de René vers l’âge de 35 ans. Fatigue et amaigrissement lui firent consulter à Paris des spécialistes du foie de l’estomac, etc. puis on s’orienta vers le diagnostic de neurasthénie et il fit un séjour de six mois dans la clinique du docteur Dubois à Berne qui le guérit définitivement.

 

Loulou s’était toujours intéressée à la recherche des meubles anciens et pouvait se présenter chez les antiquaires comme une professionnelle . Elle a fait profiter toute la famille de ses conseils et de ses recherches chez les antiquaires. Notre mère l'appréciait beaucoup et quand, jeune fille, elle faisait des séjours chez nous à Pau, elles visitaient tous les antiquaires et faisaient des duos charmants où la belle voix de contralto de maman se mariait à la voix de mezzo de Loulou. 

A Pau, Loulou joua un rôle important dans la vie mondaine, y connaissant toute la gentry. 

 

Loulou avait une santé et un dynamisme formidable et ne reculait devant aucun effort physique, faisant avec nous toutes les promenades en montagne malgré son poids qui, à certains moments, dépassa 90 kilos. La première fois que nous la vîmes flancher, ce fut au cours d’une magnifique promenade que nous fîmes début septembre 1953 au cirque de Troumouse en groupe familial nombreux avec 28 Moulonguet et 7 autos. Il faisait très chaud et Loulou arriva au sommet du cirque très fatiguée, rouge et essoufflée avec les lèvres violacées. Elle avait à ce moment 76 ans. L’année suivante, nous la trouvions moins alerte qu’autrefois mais le 13 septembre nous avions déjeuné ensemble chez madame Saint-Macary avec Léon Berard et M. Pose et elle avait montré son dynamisme habituel, la réunion avait été charmante. Le 1er octobre, elle revenait avec René de la Magistère quand à un carrefour ils furent violemment heurtés par une autre auto qui n’avait pas respecté leur priorité. Loulou sortit de la voiture et s’exclama : “ Moi, je n’ai rien ! ”, et tout d’un coup elle s’effondra ; elle était morte…

 

René et Loulou avaient célébré leurs noces d’or en 1951. Il s’étaient en effet mariés à Vidouze le 15 avril 1901 quand nous avions 14 ans et ce fut un mariage inoubliable qui dura trois jours avec la participation de toute la commune de Vidouze qui votait unanimement pour son maire (Omer Moulonguet) et de nombreux jeunes Toulousains pourvus de voix magnifiques, amis de René et des Privat. Toute une bande vint la nuit nous réveiller à Moncaup et les parents se levèrent pour leur donner à boire. Je n’ai jamais autant entendu chanter…

 

René survécut à sa femme, se plaignant de nombreuses maladies et se soignant sans arrêt, mais conservant son air de jeunesse, sa belle mémoire et sa gentillesse. Quelques semaines après la mort de Kiki, il fit une crise de défaillance cardiaque. On le ramena à Pau et il s’éteignit le 9 novembre. Il venait d’avoir 90 ans.

 

Magui parle (printemps 98) :

Tante Loulou ! C’était une femme extraordinaire, pleine de vie. Elle adorait les hommes.

 

Teuter parle (printemps 98):

Je ne savais pas qu’Omer (le père de Loulou) était royaliste. Ça, c’est amusant. C’est pour cela que Tante Loulou aimait la noblesse. Elle invitait des comtesses, etc., et elle faisait astiquer l’escalier par tous les enfants.

 

Magui  :

Les Decaudaveine, elle les appelait toujours les “ Caudaveine ”, c’était plus chic.

Ses petits-fils nous racontaient qu’elle frottait ses parquets tôt le matin, “ à la fraîche ”, “ toute nue ” c’est-à-dire habillée d’un peignoir qui s’ouvrait généreusement …

 

Teuteur :

Ses cousins disaient qu’ils n’avaient jamais réussi à la peser. Ils essayaient de la peser sur une balance pour le blé, mais elle ne se laissait pas faire. Elle disait  “ de toute façon, c’est du muscle ! ” Les paysans disaient : “ Madame Ancely, c’est une belle femme ”. Elle parlait patois, très très bien. Elle et son mari habitaient à Pau, lui était magistrat.

 

Magui parle (printemps 98):

Elle venait à Paris tous les ans, chez Mamète ou ailleurs, et faisait tous les musées, les antiquaires, etc.

Elle s’habillait le matin, même lorsqu’elle sortait le soir, et partait pour la journée faire ses visites, ou voir Paris.  Et quand elle allait déjeuner chez Mamète, comme elle s’était beaucoup secouée, elle mangeait beaucoup de pain. Elle disait à Mamète : « Je viendrai déjeuner, mais n’ajoute pas une bouchée de pain pour moi ! ».

 

François M. écrit (oct. 98) :

Un temps, vers 1935, il y avait eu brouille entre Paul Moulonguet et René Ancely et, situation sans équivalent, ils ne pouvaient pas être tous les deux dans une même réunion de famille, à Moncaup ou à Vidouze, la famille y veillant. Paul avait très mal pris que René Ancely, procureur général, demande la destitution ou la longue suspension d’un notaire dont Paul, président de la chambre des notaires, s’estimait le mieux placé pour savoir qu’il n’avait commis qu’une faute vénielle. Cette brouille dura un an ou deux sans laisser de trace, les meilleures relations ayant été reprises.

 

François Moulonguet parle (été 98):

Loulou et René formaient un couple extrêmement contrasté : oncle René était un maître de maison très soigneux, il avait des recettes extrêmement précises, il avait des recettes pour toutes choses pratiques. Il était extrêmement précis, soigneux, méticuleux, alors que Loulou brassait un tourbillon de vie tout autour d'elle.

 

Henri Moulonguet (été 98):

A sa mort, lorsque ses héritiers ont dû faire expertiser certaines pièces, ils se sont adressés à un des antiquaires qu’elle avait l’habitude de fréquenter. Cet antiquaire, apercevant certains couverts en argent, s’est exclamé : « Ah ! ceux là, elle me les avait volés ! Un jour qu’elle m’avait acheté quelque chose, en partant, elle m’avait dit : « Oh, ces couverts, je vous les prends ! » On me l’a raconté, je n’y étais pas …

 

Mapé :

Je pense qu’elle était de taille à faire ça. Elle estimait qu’elle avait bien payé ce qu’elle avait acheté …

 

Henri :

Il y a aussi l’histoire de la mule à la montagne. Lorsque Loulou était allée faire une ballade dans les Pyrénées, on lui proposa de monter sur une mule. Comme elle hésitait, le muletier tenta de la convaincre en lui disant : « Oh, elle a déjà porté plus de cent kilos ! » Mais tante Loulou, justement, ne fut pas convaincue…

 

Mapé :

Elle était quand même très mordante, parfois détestable. Je l’ai vu coincer sa belle-sœur, tante Henriette, qui était quelqu’un de très paisible, de simple, en lui posant des questions sur le style d’un salon, méchamment. J’avais trouvé que c’était plutôt mesquin.

 

Madeleine Puiseux parle (oct. 98) :

Ma grand-mère s’est beaucoup occupé de moi. Chaque fois que je venais à Vidouze pour les vacances, tous les soirs elle me couchait, et elle me lisait l’Enéide. Elle s’est toujours intéressée à moi, lorsque j’étais plus grande, elle cherchait à avoir mes confidences, elle voulait savoir quels étaient mes flirts. J’étais sa seule petite-fille, puisque mon oncle Georges a eu cinq garçons. Elle s’est attaché à moi passionnément.

C’était un personnage extraordinaire, rien ne lui faisait peur.

Elle était très très mondaine. On ne peut pas dire qu’elle était snob, mais elle disait toujours : « Il vaut mieux s’enducailler que s’encanailler »…

Quand elle était à Vidouze, elle se levait à 7 heures du matin, elle mettait une vieille robe de chambre ignoble, elle partait dans le jardin avec sa bêche, sa pioche, ses instruments de jardinage, et elle travaillait dans le jardin comme une folle. Elle avait un jardin superbe. Elle avait un jardinier, mais il n’en faisait jamais assez, et puis, elle aimait ça. Elle travaillait comme une folle jusqu’à 9 heures, puis elle s’arrêtait, et avec le jardinier de l’époque, ils mangeaient des œufs aux lards que leur préparait la cuisinière! .

Lorsqu’on était invités à Cardes ou à Moncaup, on attendait toujours Mana (Loulou). Elle répondait : « Oui, oui, j’arrive ! je n’ai plus qu’à me « tuber », et je suis prête ! ». Pour elle, se « tuber », c’était fait en cinq minutes !

Il y a des histoires d’elle inénarrables. Il y avait un grand parquet au premier étage, et tous les jours elle le cirait parce qu’elle voulait qu’il brille. Il était immense ! Et alors elle passait là une heure, et après elle partait faire sa toilette. Elle n’avait absolument aucune pudeur. Le jardinier que nous avions à l’époque était un Italien un peu insupportable. Il frappe à la porte, ma grand-mère lui dit d’entrer, il répond : « Madame n’est pas à poil, au moins ? ».

 

Mana était extraordinairement accueillante ; beaucoup de Moulonguet se sont succédés chez elle, spécialement pendant la guerre. Elle se débrouillait pour avoir le ravitaillement voulu. Elle était effrayée par l’appétit d’Yves Decaudaveine (17 ans). Sa maison était toujours pleine.

 

Philippe Decaudaveine parle (février 99) :

J’ai le souvenir de tante Loulou en sandales : elle se baladait toujours en sandales, des espèces de sandales à double semelle, avec la toile de la sandale extrêmement déformée par des orteils qui boursouflaient de partout… C’étaient des sandales de chez le sandalier Delbos. C’était un artisan sandalier qui fournissait tout le secteur, jusqu’à Vidouze et ailleurs. Tante Loulou se faisait faire ses sandales sur mesure, avec la toile de telle façon qu’elle puisse poser ses orteils dedans. 

Cet artisan chaussait toute la famille : quand on allait à Monpezat, on allait souvent se faire faire une paire de sandales chez Delbos. Il prenait la longueur et la largeur de nos pieds, et puis il prenait sa tresse de jute, qu’il avait acheté chez Edouard Loubière, qui avait à Oloron une usine où on tressait le jute. Alors il enroulait la tresse sur des clous, ce qui faisait la semelle..

 

Anne Balédent parle (février 99) :

On choisissait la couleur, en fait il n’y avait que du bleu marine…

 

Philippe Decaudaveine parle (février 99) :

Et du blanc, aussi…Nous prétendions, lorsque nous étions enfants, que pour que les sandales tiennent le coup, pour que ça soit solide, il était très important de les passer tout de suite dans la bouse de vache ! Ce qui n’était pas rare du tout, il n’y avait que ça partout sur les chemins à l’époque, alors soigneusement nos sandales neuves passaient dans la bouse de vache…

LETTRES

 

 FORCE, ENERGIE, ENTHOUSIASME

 

(Loulou à Adèle, le 13 mars 1900)

« Je n’ai que la place de vous embrasser, ma chère tante Adèle, tous tous tous, de tout mon cœur et toi en particulier

                                   Ta grande Loulou »

 

(Loulou à Adèle, le 5 avril 1900)

« Quant à nous, notre fin de vacances a été charmant. Louise t’a-t-elle envoyé toutes les photos que nous avons faites le dimanche de Quasimodo ? Le samedi soir nous étions toutes costumées, Margot en japonaise, Jeanne en bohémienne et moi en espagnole. Margot était vraiment très très bien en japonaise, mais celle qui était étonnante et méconnaissable, c’était Jani Janot. Tu ne peux te figurer comme elle était vraiment admirable dans ce costume, coiffée en bandeau avec un paquet de fleurs rouges près des oreilles, puis avec ces grands yeux, elle était ravissante. Margot aussi charmante. Nous avons dansé un quadrille prenant les rôles de nos diverses nationalités. C’était très réussi. »

 

 

 GRISERIE DE NATURE

 

(Loulou à Adèle, le 5 avril 1900)

«  […]et depuis, je vis dehors, avec ce temps admirable, je me grise d’air, de soleil, de lumière, de parfum, de fleurs, de chants d’oiseaux, de couleurs, et j’envie les bohémiens qui couchent dehors ! »

 

 PHOTOGRAPHIES

(Loulou à Adèle, le 5 avril 1900)

«Lundi je reviendrai à Moncaup et je photographierai tout ce qui pourra vous intéresser. »

 JOUISSANCES

 (Loulou à Adèle, avril 1900 

« D’autant mieux que nous avons un temps admirable, un soleil radieux, et donc après ce long hiver nous jouissons de toutes nos forces. »

 

 BONNES SOIREES DE MONCAUP

 (Loulou à Adèle, avril 1900)

« Le soir nous avons beaucoup ri, nous avons dansé, joué des charades, enfin quoi une bonne soirée de Moncaup.[…]

Le jeudi nous sommes allés à Moncaup, naturellement embrassades, joie de se revoir, histoires à raconter, etc. Le vendredi recueillement général, chacun chez soi, le samedi, tout Moncaup s’est transporté dans nos murs, temps radieux, tennis, photo, croquet. […] Mais tu vois que nos vacances auront été bien remplies. C’est si agréable d’être tous réunis à chaque vacance, je me dis que c’est le plus grand charme de notre vie de nous aimer et de nous réunir ainsi. »

Texte de Jean Privat

 

Quelques semaines après la mort de Louise Ancely, à la fin d’un déjeuner qui réunit à Cardes la famille endeuillée, Jean Privat lut ceci :

 

Litanies pour Loulou.

 

Toi qui étais force, joie et vie, de les avoir répandues sur nous

De nous avoir fait connaître dans leur plénitude les joies de la vie

De nous avoir fait participer aux fêtes du chant

De nous faire nous réjouir des biens de la terre

D’avoir aiguisé notre perception de la nature et

D’avoir multiplié les joies que nous donnent ses beautés

Nous te remercions, Loulou

 

D’avoir mis partout des fleurs sous nos pas

De s’être promenée avec nous dans les jardins de l’esprit

D’avoir poursuivi la beauté dans les recoins où elle se trouve

Et par le message que tu en avais recueilli

De nous avoir fait vibrer plus intensément devant elle

Nous te remercions, Loulou

 

D’avoir aimé, de t’être fait aimer, d’avoir été aimée de la jeunesse

D’avoir animé le centre de vie et de joie qu’est Vidouze

De nous apparaître aujourd’hui mêlée au cœur

Des archanges et des chérubins, chantant la gloire de la beauté éternelle

Nous te remercions, Loulou

 

                                               18 octobre 1954

 

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CONGRES DES SOCIETES ACADEMIQUES ET SAVANTES LANGUEDOC PYRENEES GASCOGNE

Toulouse mai 1948

 

Communication de M. René ANCELY, Président de la Sté des Sciences, Lettres et Arts de PAU

 

ESSAI SUR LES SEIGNEURS DE VIDOUZE (Htes Pyrénées)

 

Cette étude, basée sur des documents inédits concervés aux archives des Basses Pyrénées, et au château de Lascazères (B.P) porte sur une commune des Htes Pyr. qui se trouva comprise dès le XIV° siècle dans le pays de Rivière Basse, sur les confins du Béarn. Après avoir discuté l'affirmation de Marca que la Rivière Basse fît partie du Béarn jusqu'au XIV° siècle, et conclu par un point d'interrogation, l'auteur en vient à l'énnumération des premiers seigneurs qui, jusqu'en 1300, ne sont connus que par quelques actes où leurs noms sont mentionnés. Une sentence de Philippe le Bel attribue Vidouze, avec toute la Rivière Basse au Comté d'Armagnac qui le conserva jusqu'à sa réunion à la couronne par Henri IV. A partir du début du XIV° siècle la seigneurerie est partagée : d'une part l'ancienne maison de VIdouze a pour héritier la maison de Barbazan-Faudons, puis la maison de Forgues, enfin Henri IV inféoda la terre au Seigneur de Caussade en 1604. Par mariages, le fief passe ensuite aux familles de Busca, de Franclieu et enfin Parabère. Une autre part de la seigneurerie, qui appartient dès 1300 à Sanche de Larrou, passe aux comtes de Lautrec et tombe finalement entre les mains du Sire d'Albret, roi de Navarre. Discutant les documents apportés par un procès qui, de 1507 à 1549, oppose à propos de Vidouze le seigneur de Rivière au roi, sequestre du Comte d'Armagnac, l'auteur montre que les droits du Comte d'Armagnac sur Vidouze sont ceux d'un suzerain et non d'un seigneur direct. Le reste de la seigneureurie apparteint, jusqu'à la Révolution aux abbés de Saint Lezer et de Larreule.

 

ASSASSINAT DU PROCUREUR DE BAGNÈRES le 25 févriert 1905.

 

 

 

        René Ancely, agé de 29 ans, débutait sa carrière dans la magistrature. Il était alors substitut du procureur au tribunal de première instance de Bagnères de Bigorre.

 

 

Immédiatement après l'arrestation de Mr Cazaux, l’assassin du procureur de Bannières de Bigorre, il procédera à un constat des lieux :

       « Nous, René Ancely, substitut du procureur de la république, près le tribunal de première instance de Bagnères, en notre cabinet au palais de justice, avons subitement entendu deux détonations d'armes à feu paraissant venir du bureau de monsieur Durand. Nous étant levés précipitamment, pensant que retentiraient d'autres coups de feu, et ayant ouvert la porte de communication qui sépare notre bureau de celui de monsieur Durand, nous avons aperçu un individu debout, le revolver au poing qui déchargeait son arme sur Monsieur le procureur qui avait déjà été blessé par les détonations précédentes et qui essayait de se soustraire aux poursuites du meurtrier en ce cachant, les genoux ployés, derrière son bureau. Nous nous sommes immédiatement emparés du meurtrier auquel nous avons saisi les deux bras paralysant ainsi ses mouvement et l’empêchant de décharger une cinquième balle dont son revolver est armé. Le corps à corps fut assez violent pour nous projeter avec l'assassin sur un fauteuil dont l'un des pieds se brisa et nous maîtrisâmes ce dernier contre la porte d'entrée qui fait communiquer le palier de l'escalier avec le bureau de monsieur Durand, aidé de Monsieur Couture, commis greffier qui était accouru sur le lieu du crime, presque en même temps que nous. Pendant ce temps, Monsieur Durand, quoi que blessé et perdant son sang en abondance, traversait rapidement notre cabinet, descendait l'escalier qui conduit au vestibule d’entrée du palais de justice et tombait le long de la porte d'entrée de la loge du concierge, où il était relevé immédiatement par sieur Dominique Bérot, manœuvre à Bagnères, et soigné par le personnel du greffe…

Dès que le premier moment de stupeur fut passé, nous reconnûmes l’inculpé pour être le nommé Jean-Paul Cazaux, instituteur en congé, demeurant à Campan, qui avait été précédemment condamné en novembre 1903 par le tribunal correctionnel de Bagnères. Nous l’invitâmes immédiatement à remettre le revolver au greffier, ce qu'il fit sans difficulté. Puis, nous le conduisîmes devant le palier de l'escalier qui descend au vestibule d'entrée du tribunal où nous le ceinturâmes jusqu'à l'arrivée de la gendarmerie dont nous avions aussitôt requis l'assistance. Pendant le laps de temps qui s'écoula entre le moment où nous nous emparâmes de la personne du meurtrier et l'arrivée de la gendarmerie, ce dernier, qui était dans un état de surexcitation très visible au moment où il venait d'accomplir son acte, recouvra une attitude calme et indifférente aux évènements tragiques qui venaient de se dérouler, ne paraissant pas se rendre compte de l’acte criminel qu’il venait d’accomplir, nous demandant de lui laisser la liberté de ses mouvements, nous disant que nous n'avions rien à craindre et exprimant le désir de faire une cigarette…

Dès l'arrivée des gendarmes auxquels nous avons ordonné de garder à vue le prisonnier et après avoir pris des nouvelles de monsieur Durand que nous avons trouvé dans la loge du concierge, étendu sur un matelas, sans connaissance, pendant que les docteurs Collongues et Pédeprade lui prodiguaient des soins, et nous avons immédiatement procédé à un bref interrogatoire de l’inculpé. Ce dernier, après avoir répondu avec le plus grand calme aux questions intéressant son identité, s’exalte à nouveau, avec une très grande violence lorsqu'il nous explique les mobiles qui l'ont poussé à l'acte criminel qu’il vient d'accomplir. Il prétend que monsieur Durand lui a enlevé sa fille en faisant exécuter par la force et contre sa volonté un jugement de séparation de corps du tribunal de Bougie qui, statuant sur la garde de l'enfant issu du mariage, avait confié cette enfant à la mère ; il s’élève avec une grande force contre ce jugement et contre toutes les décisions de justice en général, si bien que nous ne parvenons pas à le calmer et que nous sommes contraints de terminer notre interrogatoire…

Nous le faisons conduire à la prison de Bagnères et le mettons sous billet d'écrou (enfermement provisoire) à la disposition de Monsieur le juge d'instruction qui se présente à l'instant. De tout quoi, nous avons dressé le présent procès-verbal que nous avons clos le même jour à 6 heures du soir. »